Journée d’études – Des personnages et des actrices
Présenté par Éloïse de Nayer, doctorante en études théâtrales
Dans le cadre de la programmation des spectacle Phèdre et Andromaque
« J’ai eu l’autre soir comme la vision d’un théâtre futur, quelque chose comme le théâtre féministe. (…) C’était au Théâtre des Arts, boulevard des Batignolles, à une répétition intime [de la Tragédie de Salomé] à laquelle miss Loïe Fuller m’avait prié d’assister. (…) Salomé dansait, mais une Salomé en jupe courte, une Salomé ayant sur les épaules sa jaquette, une Salomé en costume tailleur, et dont les mains, les mains mobiles, expressives, tendres ou menaçantes, donnaient à elle seules toute la poésie de la danse. (…) Je crois bien que Loïe Fuller va ajouter une Salomé imprévue à toutes les Salomé que nous avons pu voir. »
Jules Clarétie, Le Temps. 5 novembre 1907
Dans cet article du Temps, cité par Loïe Fuller dans son livre Ma vie et la danse, Jules Clarétie, fait le constat d’un théâtre à venir. Alors que la danseuse fait ses derniers réglages lumières, et répète ses pas en tenue de tous les jours, l’iconique Salomé apparaît dans le corps d’une femme du siècle.
Dans Une chambre à soi (1929), Virginia Woolf met en évidence ce paradoxe de la représentation féminine et de son éternelle fictionnalisation. Elle propose une alternative : les « concevoir tous ensemble sous un jour poétique et prosaïque, en gardant ainsi le contact avec la réalité ».
Quels enjeux y-a-t-il alors pour une actrice à incarner Phèdre, Cléopâtre, Salomé ou Andromaque ? S’agit-il d’enjeux intimes, philosophiques, sociaux, politiques ou encore esthétiques ? Quelle place ces figures ont-elles eu dans leur construction en tant qu’artiste et en tant que femme ?
Nous vous proposons d’échanger et de débattre autour de ce sujet en réunissant des actrices, autrices ou metteuses en scène contemporaines – et des chercheur·ses en histoire du théâtre spécialistes des artistes d’hier, autour d’une série de communications puis d’une table ronde, car aujourd’hui, à l’heure où des actrices se sont mobilisées pour faire valoir leur parole et leur intégrité, ces réflexions se dotent d’une résonance particulière.
© Eleonora Duse en Cléopâtre, 1890 dessin sur photo © Adèle De Nayer